Joseph LE BIHAN est né à Kergrist-Moëlou alors que la Première Guerre Mondiale n'était pas encore déclarée. Joseph, doyen des hommes de la commune, plus connu sous le nom de NIN'KOZH ("Le Vieux" en breton) nous a ouvert le livre de sa vie lors d'une chaleureuse rencontre avec Catherine CONNAN.
Pour le second numéro du journal, j'ai rencontré, avec Martine CONNAN et Rolland LE CAM, Joseph âgé de 91 ans, doyen de notre commune et artisan maçon retraité. Cet homme est une bibliothèque de souvenirs à lui seul. Ses principales passions sont la chasse, la pêche, les copains et ...KERGRIST !
Quels sont vos souvenirs d'école ?
Mes souvenirs sont très bons. J'étais bon élève à la surprise de mon père qui ne me voyait jamais ouvrir un livre. Le jour de mon certificat d"étude à Rostrenen, je suis arrivé en retard. L'inspecteur ne voulait pas me laisser passer les épreuves : "Il est jeune, il reviendra l'année prochaine !". J'ai insisté pour qu'un professeur veuille bien me faire la dictée. Remarquant que mon travail n'était pas si mal que ça, il me donna les problèmes de mathématiques. En deux coups de cuillère à pot, voilà les exercices finis ! J'étais arrivé le dernier, mais j'ai terminé premier !
Ensuite, vous avez commencé à travailler ?
J'ai commencé par garder les vaches à 12 ans, à Bonen [NDR : commune rattachée depuis à celle de Rostrenen] chez ma cousine, ce qui m'ennuyait éperdument. Je voulais absolument retourner à Kergrist. Dès mon retour, j'ai appris à tailler très vite les pierres avec mon père et mon oncle. Mes premières pierres ont permis de construire une maison à Kerbanel an Argoat.
La guerre est arrivée...
La guerre...il y en eu deux. Bien sûr, pendant la Guerre de 14-18, j'étais enfant. Mais je me souviens des soldats qui venaient en permission. Il avaient tous des képis sauf Julien Le M.. Lui, il était dans l'armée coloniale alors il portait un chéchia. Malheureusement, il fut tué les mois suivants.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, j'étais en première ligne. Nous avons été capturés dès le premier jour de combat en Belgique. Comme les Allemands avaient besoin de nous, nous avons été conduits dans un camp. Au début de ma captivité, ce fut très dur : manque d'hygiène et de soins... Les angines étaient soignées à l'eau froide. Les premiers jours, j'ai cassé des pierres pour la route du camp nommée "Hitler Strade". Puis, ils recherchaient des personnes pour travailler en ville. Les usines étaient réquisitionnées pour la fabrique de bombes et obus et pour confectionner du textile. Par la suite, j'ai travaillé dans les Services du Gaz de ville et cela tout le reste de ma captivité c'est à dire cinq années. J'ai beaucoup appris.
En rentrant, j'aurais pu être embauché comme beaucoup au Gaz de France mais il n'en était pas question...Quitter Kergrist, les copains, la pêche, la chasse ...!
Que pouvez-vous nous dire sur Kergrist ?
Beaucoup de choses. J'ai vu la transformation du calvaire. D'ailleurs les marches du calvaire que vous voyez sur certaines cartes postales ont été montées par mon grand-père. Les Beaux-Arts ont décidé que le calvaire devait être reconstruit comme il était à l'époque de la Révolution. La croix de mission bâtie grâce aux dons de la population kergristoise a été remplacée et délaissée pendant plusieurs années à côté des ifs. Le jour où j'ai aidé à la construction du mur du nouveau cimetière, je me suis souvenu de cette croix de mission en pensant qu'elle serait aussi bien là que parmi les herbes. Je l'ai donc installée mais un problème s'est posé. Le Christ de la croix doit être orienté vers l'est et dans cette position il tournait le dos aux personnes. Devant ce problème, j'ai pris l'avis du curé. Il me suggéra de placer l'ancienne croix de devant l'Église mais cela ne rendait pas terrible non plus. Donc, nous avons conclu de la mettre au cimetière, le Christ tourné à l'ouest, mais face aux gens arrivant dans le cimetière.
Michel LE CHEVALIER m'a parlé du château de Kergrist
Je l'ai bien connu... Jean-Louis C. faisait le tour des campagnes pour ramasser les vieux chiffons qu'il rangeait dans le château. Le château a pris feu un dimanche pendant que tout le monde était à la messe. Tout l'intérieur a brûlé. Il ne restait que les murs. Les deux propriétaires se sont partagé les pierres.
L'Église était très fréquentée à cette époque...
Oui, au début du siècle, la religion était importante. Il y avait un vicaire et un curé. La première voiture que j'ai vu était d'ailleurs celle du vicaire venu de Canihuel. J'avais 14 ou 15 ans. Je me souviens des baptêmes. En ce temps, les parrains et marraines jetaient des pièces à la sortie de l'église. Nous venions les attraper même lorsque nous étions en récréation à l'école. La cloche était sonnée par le sacristain. Plus on lui donnait de l'argent, plus il sonnait la cloche.
Lorsque j'étais jeune, j'ai participé aux quêtes pour le curé et le vicaire. Les femmes se chargeaient de récupérer le beurre et les hommes le blé. Dans chaque maison, la bouteille de vin était mise sur la table. C'était une question d'honneur !
La fontaine qui se trouve à côté du café "Le Refuge" fut construite par mon oncle. On l'appelle "Feunteun Lapitch"... Mon oncle avait déplacé le Saint Lapitch de l'église vers cette fontaine. L'Église n'avait pas apprécié l'incident... et mon oncle fut excommunié !
Parlez-moi un peu de vos loisirs
La chasse ! Lorsque le temps n'était pas beau, j'allais chasser. Ce que je chassais le matin, je le vendais au bourg. On gagnait autant avec la chasse qu'au travail mais certains ne donnaient pas beaucoup pour un lapin ! J'ai chassé depuis l'âge de 16 ans et jusqu'en 1989.
Pourquoi vous surnomme-t-on "Nin'Kozh" ?
Un jour, je pêchais avec des copains et j'étais le plus vieux. Je laisse ma ligne et je sens qu'elle est mordue par un poisson. A ce moment-là, j'ai dit en breton "Deut eo heman gant nin'kozh !" ce qui veut dire "Le vieux en aura au moins une !". Depuis, c'est resté...
Kergrist-Moëlou 1920-1930 :
Michel est né en 1919. Son père était sabotier. Il suivra les traces de celui-ci jusqu'à l'âge de 25 ans. A cet âge, il devra partir car le métier de sabotier disparaissait. Michel m'a raconté que son père travaillait dans une hutte à l'endroit même où était coupé le bois...
Les amis de la Chapelle de l'Isle :
II ne reste plus de cette chapelle que les murs délabrés et décrépis qui eux aussi s'écroulent petit à petit et sont envahis par le lierre, la mousse. A l'intérieur se trouve un grand autel tout en pierre solidement construit. Il y a encore dans les murs la forme de...
Pomme, cidre, lambig...! :
Ur bannac'h lambig ? Tu prendras bien une petite goutte...,un mik,... T'auras une rincette, un pousse-café,... du lagoutte ? Cette proposition vient souvent clore nos repas de famille, nos réunions amicales. Yec'hed mad ! Nous trinquons volontiers avec cet alcool local...
Germaine LE YOUDEC :
Quatre-vingt-quatorze printemps révolus depuis octobre dernier. Germaine n'est pas sortie de sa maison de Saint-Coudan depuis bien longtemps. Martine Connan, Albert Moudic et Roland Le Cam sont allés lui rendre visite. Un peu surprise, mais heureuse...
Du levain au pain :
Une soirée de décembre Hélène L. nous a ouvert sa porte. Un soir d'hiver, peu avant Noël, nous avons passé un long moment avec elle, lui demandant sans cesse de faire resurgir de sa mémoire le passé de sa boulangerie. Une soirée pour évoquer en toute simplicité...
Les rimes de Frédéric :
écemment un livre vient d'être publié par Liv'Editions du Faouët. Il s'agit de la Voix de l'Argoat. Son auteur kergristois s'est éteint il y a dix ans, après avoir connu bien des métiers toute sa vie. Cafetier, coiffeur, conducteur de car, brocanteur, Frédéric Le Bonhomme...
Vivre à Kergrist-Moëlou :
Notre commune a vu ces dernières années s'installer de nombreuses familles à Kergrist-Moëlou. Souvent venues de zones urbaines, voire d'autres pays, ces familles contribuent à entretenir une certaine vitalité dans la commune. L'exode rural de la seconde moitié du XXème Siècle...
Mémoire d'école :
Cette année (2005), l'école de Kergrist-Moëlou a fêté ses cent ans. A cette occasion Martine THOMAS-HENAFF a réalisé un travail très intéressant de recherches dans le passé scolaire de notre commune. Mémoire d'école en est un résumé que Martine a réalisé...
La boucherie de Raymond :
Raymond était né en 1922 à Chevreuse dans les Yvelines, et venait régulièrement chez sa tante dans la région. Antoinette et Raymond se sont rencontrés à Toulazen lors d'une fête suivant un battage, comme on faisait en ce temps-là...
Job MOUDIC, lutteur :
Décembre 2006, nous bavardons près de la cheminée chez Martine. Albert nous évoque ses souvenirs d'enfance et la mémoire de son frère Job. Sandrine nous parle de son grand-père dans la petite maison de Keravel...
Rencontre avec Nin'Kozh :
Joseph LE BIHAN est né à Kergrist-Moëlou alors que la Première Guerre Mondiale n'était pas encore déclarée. Joseph, doyen des hommes de la commune, plus connu sous le nom de NIN'KOZH ("Le Vieux" en breton) nous a ouvert le livre de sa vie...