Quatre-vingt-quatorze printemps révolus depuis octobre dernier. Germaine n'est pas sortie de sa maison de Saint-Coudan depuis bien longtemps. Martine Connan, Albert Moudic et Roland Le Cam sont allés lui rendre visite. Un peu surprise, mais heureuse d'être sollicitée par notre bulletin communal, Germaine s'est fait un plaisir de nous livrer ses souvenirs, mais aussi sa pensée sur le monde actuel.
Vous êtes née au début du siècle...
Je suis née à l'Isle en 1908, dans une famille de dix enfants. Peu de temps après ma naissance, on s'est installés à Bouillen en Maël-carhaix. Puis on est venus à Scubériou. La famille s'agrandissait, il fallait que les parents trouvent une ferme plus grande pour nourrir tout le monde...
Vous alliez à l'école à Kergrist-Moëlou ?
Non, au début je suis allée quelques mois à Maël-Carhaix, puis je suis allée pendant six ans à l'école à Rostrenen. C'était en pension. Il n'y avait pas grand-chose à manger. Ma mère venait les jours de marché et elle en profitait pour m'apporter du pain et du beurre et un peu de lard quand il y en avait. Sinon, à la pension, on nous donnait de la soupe. Un jour, en finissant mon écuelle, j'ai trouvé une petite limace au fond ...alors je ne voulais plus de soupe après !
Les classes étaient chargées ?
Je me rappelle qu'on était une soixantaine dans la classe du certificat. Mais il y avait deux divisions dans la classe. La maîtresse s'appelait Mademoiselle G.. L'école était à côté de la Poste à Rostrenen. Le mardi, comme beaucoup de marchands s'installaient près de l'école pour le marché, Mademoiselle G. traçait une ligne à la craie au sol devant l'école. On n'avait pas le droit d'aller de l'autre côté. L'école n'existe plus à cet endroit. Je me souviens aussi d'une maison de justice à côté où on réglait les affaires de voisinages. Des histoires de clôtures et de partage de puits. Les gens allaient voir, il y avait de l'animation !
La vie au village était meilleure qu'à l'école ?
Oh, à la maison il fallait travailler dur. On avait de la meilleure nourriture qu'à la pension. Mais il y avait des malheureux aussi. Avant, dans les petites fermes, les gens travaillaient avec des boeufs et mes parents ont même vu certains travailler avec des vaches. On ne gaspillait rien, on allait même glaner les blés.
Vous avez donc connu les deux guerres ?
Oui, deux guerres. Mon frère Iwan a été tué à Craonne en 1917. Il venait juste de partir. Deux de mes oncles sont aussi morts pendant la Guerre de 14-18. Et, vingt ans après, on a remis ça, encore. Il y a eu des choses affreuses pendant la guerre contre les allemands mais à la libération aussi. On a souffert...
Vous avez l'air en forme...
Je n'ai pas vu souvent de médecin.... Une fois j'ai trébuché et il a fallu appeler le docteur, et l'autre fois je me suis fait une brûlure avec l'insert. Sinon, je ne me rappelle pas avoir été malade. Bien sûr, j'ai des rhumatismes dans mes jambes, mais on ne peut rien contre ça.
Vous sortez rarement de chez vous ?
Oui, à cause de mes rhumatismes j'ai du mal à plier les jambes. Avant, Claude, mon fils, m'emmenait en voiture faire une promenade. Maintenant je n'arrive plus à monter dedans. Mais tous les jours je vois le facteur et la boulangère une fois par semaine. Je ne n'ennuie pas. J'ai mes chiens qui me tiennent compagnie. Et puis je lis mon journal et je regarde la télévision.
Les informations vous intéressent ?
Je ne les rate jamais. Vous avez vu l'autre jour à la télé, on voyait des gens sans abris qui étaient logés juste pour une nuit et, après, on les mettait dehors. Avant il n'y avait pas de choses comme ça. Les mendiants, bien sûr ça existait. Ils venaient dire une prière à la porte. Alors, on leur donnait un morceau de lard et ils pouvaient dormir dans la crèche. Ils trouvaient des petits travaux à faire...Tout était à faire à la main, avant. Il y 'avait beaucoup de travail. Maintenant c'est plus comme ça.
Alors c'était mieux, dans le temps... ?
Bien sûr que c'était mieux. Ton beurre, tu le faisais. Ton pain aussi. Maintenant il faut tout acheter, il faut de l'argent. Les fermiers ont beaucoup plus d'ennuis et pourtant leur travail est plus facile avec les machines, ça c'est sûr... mais ça coûte cher. Il y a des faillites dans les fermes, je m'en rends compte dans le journal. Ça arrivait aussi avant, mais pas si souvent. Je me souviens d'une ferme où les vaches ne donnaient plus de lait. Les gens étaient persuadés qu'un sort leur avait été jeté. Ça arrivait des fois. Alors, ils sont allés voir le curé comme on faisait toujours. Et le curé est venu à la ferme. En arrivant il leur a dit : "Vos vaches ne sont pas ensorcelées, elles n'ont que de la paille. Donnez-leur de l'herbe à manger et elles feront du lait !" On n'avait pas beaucoup, mais on partageait. Quand quelqu'un tuait son cochon, il faisait profiter les voisins. De toute façon, on ne pouvait pas conserver longtemps la viande. Et, plus tard, c'est un voisin qui apportait à son tour un morceau de la bête qu'il avait tuée. Ah, quand il y avait du pâté, de la saucisse, ça faisait un sacré bon repas, il n'y avait pas de restes !
Et le village de Saint-Coudan, que pouvez-vous nous en dire ?
J'y suis venue après avoir quitté Lostiteau. J'ai souvent entendu dire que, dans le temps, il y avait une chapelle à Saint-Coudan, et une fontaine aussi. Mais je crois qu'une route passe dessus maintenant. Sur ma maison, il y a comme un coquillage gravé dans une pierre. Put-être que c'est dû aux pèlerinages de Compostelle, je ne sais pas trop...
Ce soir-là, à Saint-Coudan, nous avons quitté Germaine en la remerciant pour son accueil. Elle nous a dit qu'elle attendait maintenant le prochain bulletin communal. D'ailleurs, elle se souvenait avoir lu l'interview de Joseph Le B. dans un numéro précédent.
Kergrist-Moëlou 1920-1930 :
Michel est né en 1919. Son père était sabotier. Il suivra les traces de celui-ci jusqu'à l'âge de 25 ans. A cet âge, il devra partir car le métier de sabotier disparaissait. Michel m'a raconté que son père travaillait dans une hutte à l'endroit même où était coupé le bois...
Les amis de la Chapelle de l'Isle :
II ne reste plus de cette chapelle que les murs délabrés et décrépis qui eux aussi s'écroulent petit à petit et sont envahis par le lierre, la mousse. A l'intérieur se trouve un grand autel tout en pierre solidement construit. Il y a encore dans les murs la forme de...
Pomme, cidre, lambig...! :
Ur bannac'h lambig ? Tu prendras bien une petite goutte...,un mik,... T'auras une rincette, un pousse-café,... du lagoutte ? Cette proposition vient souvent clore nos repas de famille, nos réunions amicales. Yec'hed mad ! Nous trinquons volontiers avec cet alcool local...
Germaine LE YOUDEC :
Quatre-vingt-quatorze printemps révolus depuis octobre dernier. Germaine n'est pas sortie de sa maison de Saint-Coudan depuis bien longtemps. Martine Connan, Albert Moudic et Roland Le Cam sont allés lui rendre visite. Un peu surprise, mais heureuse...
Du levain au pain :
Une soirée de décembre Hélène L. nous a ouvert sa porte. Un soir d'hiver, peu avant Noël, nous avons passé un long moment avec elle, lui demandant sans cesse de faire resurgir de sa mémoire le passé de sa boulangerie. Une soirée pour évoquer en toute simplicité...
Les rimes de Frédéric :
écemment un livre vient d'être publié par Liv'Editions du Faouët. Il s'agit de la Voix de l'Argoat. Son auteur kergristois s'est éteint il y a dix ans, après avoir connu bien des métiers toute sa vie. Cafetier, coiffeur, conducteur de car, brocanteur, Frédéric Le Bonhomme...
Vivre à Kergrist-Moëlou :
Notre commune a vu ces dernières années s'installer de nombreuses familles à Kergrist-Moëlou. Souvent venues de zones urbaines, voire d'autres pays, ces familles contribuent à entretenir une certaine vitalité dans la commune. L'exode rural de la seconde moitié du XXème Siècle...
Mémoire d'école :
Cette année (2005), l'école de Kergrist-Moëlou a fêté ses cent ans. A cette occasion Martine THOMAS-HENAFF a réalisé un travail très intéressant de recherches dans le passé scolaire de notre commune. Mémoire d'école en est un résumé que Martine a réalisé...
La boucherie de Raymond :
Raymond était né en 1922 à Chevreuse dans les Yvelines, et venait régulièrement chez sa tante dans la région. Antoinette et Raymond se sont rencontrés à Toulazen lors d'une fête suivant un battage, comme on faisait en ce temps-là...
Job MOUDIC, lutteur :
Décembre 2006, nous bavardons près de la cheminée chez Martine. Albert nous évoque ses souvenirs d'enfance et la mémoire de son frère Job. Sandrine nous parle de son grand-père dans la petite maison de Keravel...
Rencontre avec Nin'Kozh :
Joseph LE BIHAN est né à Kergrist-Moëlou alors que la Première Guerre Mondiale n'était pas encore déclarée. Joseph, doyen des hommes de la commune, plus connu sous le nom de NIN'KOZH ("Le Vieux" en breton) nous a ouvert le livre de sa vie...