Décembre 2006, nous bavardons près de la cheminée chez Martine. Albert nous évoque ses souvenirs d'enfance et la mémoire de son frère Job. Sandrine nous parle de son grand-père dans la petite maison de Keravel. Job Moudic s'en est allé fin 2006. Nous avons parcouru avec Albert et Sandrine quelques épisodes de la vie de ce Kergristois qui, en 1953, endossa le titre de champion départemental de Lutte Bretonne.
Né en 1914 à Trébrivan, Job arrive à Kergrist lorsqu'il a 10 ans. C'est à cet âge que l'école s'arrêtera pour lui : trop de travail aux champs pour se passer de main d'oeuvre. La famille compte sept enfants et s'est installée à Kermablouze.
En 1939 Job sera mobilisé, ils seront cinq jeunes du même village à partir: Yves, Louis et Job pour la famille Moudic ; Pierre et Louis pour la famille Pennec. Louis Moudic ne reviendra pas de cette guerre. En 1940 Job est fait prisonnier à Bray-sur-Seine, il partira ensuite en captivité en Allemagne comme tant de jeunes de sa génération. Cinq années durant lesquelles il travaillera dans une usine, puis dans une ferme. Job sera rapatrié le 22 mai 1945. Il gardera de bonnes relations avec le fermier Allemand de longues années.
Le retour à Kergrist sonnera l'heure du mariage avec Marie Le Puil, avant que Job ne reparte pour faire des campagnes de betteraves dans l'Aisne et la Somme. Job est un travailleur dans l'âme, un bourreau de travail, une bête de somme, sa cadence effrénée au labeur lui vaut un surnom de taille : «crève monde». Quand Job Moudic et Isidore Le Guellec faisaient équipe de bûcherons dans le bois de Kergrist, leur rythme ne variait pas : 4 cordes par jour ! Hâche, serpe et scie à bûche pour seuls outils évidemment. Frédéric Bonhomme leur avait écrit un texte «Les forçats de la Forêt», se souvient Albert.
À 42 ans, Job entre aux Ponts et chaussées, l'Equipement, comme on dit maintenant. Il y sera un chef d'équipe fort respecté, car, s'il met du coeur à l'ouvrage, il ne se plie pas pour autant de bonne grâce aux remarques de ses supérieurs !
À cette époque, les ouvriers rejoignent leur zone de travail en emportant leurs outils à vélo jusqu'à Perret, Treffrin... La gamelle fait partie du voyage, car de cantine il n'est bien entendu pas question. À l'heure de la soupe, il faut trouver du bois sec et faire chauffer les gamelles. Le travail est dur, surtout l'empierrement des routes. Job continuera ainsi jusqu'à 65 ans, âge auquel il prend sa retraite.
Job n'a jamais conduit de voiture, Sandrine se rappelle de la mobylette jaune de son grand-père, et des tours qu'il faisait faire à ses petits enfants. La retraite lui donne du temps libre : c'est au travail qu'il la passe ! Job est toujours prêt pour le coup de main chez les voisins, bricolage et surtout jardinage. Il n'a pas son pareil pour chasser les taupes d'un jardin, selon une méthode simple mais ô combien efficace : repérer taupinière et galeries, attendre et un coup de tranche au bon moment suffit !
Avant guerre, Job pratiquait déjà le Gouren (la Lutte Bretonne). Job lutte souvent avec Le Men, Le Gac et Georgelin dans la catégorie poids moyen. Toujours prêt pour lutter Job gagne mais ne recherche pas la gloire. Médailles et titres ne l'intéressent pas.
Il avouera même à son frère Albert, avoir un peu truqué certains combats pour ne pas que ça ne soit pas toujours le même qui gagne, cest-à-dire lui ! Sa modestie est toute à son honneur, en 1953 lors des championnats départementaux de lutte bretonne il entre en piste sans penser qu'à la fin de l'épreuve il aura le Maout.
Il gagne et devient champion départemental des Côtes du Nord. Le musée de la Lutte Bretonne à Belle- Isle-en-Terre expose encore aujourd'hui des photos des lutteurs de cette époque dont Job Moudic.
Lutteur, Job le sera aussi contre la maladie car en 1984 un accident vasculaire cérébral vient le terrasser à 70 ans. Job ne baissera pas las bras, hémiplégique il continuera à bricoler pour entretenir le moral et la santé. Il passera ainsi des années tout de même heureuses entouré de ses enfants et petits enfants. Avant de quitter ses proches à 92 ans, il aura la joie de voir son arrière petit fils Théo enfiler la rochet de lutteur.
Kergrist-Moëlou 1920-1930 :
Michel est né en 1919. Son père était sabotier. Il suivra les traces de celui-ci jusqu'à l'âge de 25 ans. A cet âge, il devra partir car le métier de sabotier disparaissait. Michel m'a raconté que son père travaillait dans une hutte à l'endroit même où était coupé le bois...
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II ne reste plus de cette chapelle que les murs délabrés et décrépis qui eux aussi s'écroulent petit à petit et sont envahis par le lierre, la mousse. A l'intérieur se trouve un grand autel tout en pierre solidement construit. Il y a encore dans les murs la forme de...
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Ur bannac'h lambig ? Tu prendras bien une petite goutte...,un mik,... T'auras une rincette, un pousse-café,... du lagoutte ? Cette proposition vient souvent clore nos repas de famille, nos réunions amicales. Yec'hed mad ! Nous trinquons volontiers avec cet alcool local...
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Quatre-vingt-quatorze printemps révolus depuis octobre dernier. Germaine n'est pas sortie de sa maison de Saint-Coudan depuis bien longtemps. Martine Connan, Albert Moudic et Roland Le Cam sont allés lui rendre visite. Un peu surprise, mais heureuse...
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Une soirée de décembre Hélène L. nous a ouvert sa porte. Un soir d'hiver, peu avant Noël, nous avons passé un long moment avec elle, lui demandant sans cesse de faire resurgir de sa mémoire le passé de sa boulangerie. Une soirée pour évoquer en toute simplicité...
Les rimes de Frédéric :
écemment un livre vient d'être publié par Liv'Editions du Faouët. Il s'agit de la Voix de l'Argoat. Son auteur kergristois s'est éteint il y a dix ans, après avoir connu bien des métiers toute sa vie. Cafetier, coiffeur, conducteur de car, brocanteur, Frédéric Le Bonhomme...
Vivre à Kergrist-Moëlou :
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Mémoire d'école :
Cette année (2005), l'école de Kergrist-Moëlou a fêté ses cent ans. A cette occasion Martine THOMAS-HENAFF a réalisé un travail très intéressant de recherches dans le passé scolaire de notre commune. Mémoire d'école en est un résumé que Martine a réalisé...
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Job MOUDIC, lutteur :
Décembre 2006, nous bavardons près de la cheminée chez Martine. Albert nous évoque ses souvenirs d'enfance et la mémoire de son frère Job. Sandrine nous parle de son grand-père dans la petite maison de Keravel...
Rencontre avec Nin'Kozh :
Joseph LE BIHAN est né à Kergrist-Moëlou alors que la Première Guerre Mondiale n'était pas encore déclarée. Joseph, doyen des hommes de la commune, plus connu sous le nom de NIN'KOZH ("Le Vieux" en breton) nous a ouvert le livre de sa vie...